
(Montage réalisé par cette amie : ICI)
Juin était arrivé, aussi chaud et poisseux qu'à son habitude, mais un font froid sortit de nulle part avait débarqué pendant la nuit, et la radio de sa bagnole ne parlait que des températures records enregistrées dans la journée. Il faisait dans les dix-sept degrés, rien de polaire, mais après des semaines passées à flirter avec les trente-cinq degrés, ça paraissait limite glaciale. Voulant profiter de cette fraîcheur, Kim Han Bin baissa les vitres à l'avant du véhicule, s'avachit sur son siège et leva les yeux vers le ciel en attendant l'heure de son rendez-vous. Ce soir-là, aucun nuage ne venait masquer sa profondeur et une multitude d'étoiles l'illuminait d'une beauté brillante et presque irréelle. La nature savait offrir de magnifiques spectacles... Passant une main dans ses cheveux coiffés en arrière, le jeune homme vérifia une nouvelle fois que son vide poche contenait bien la marchandise avant de sortir à l'extérieur de sa voiture. Il frissonna un peu face à la soudaine chute de température, s'appuya contre le capot et s'alluma une cigarette. Que fichait cet enfoiré ? Il ne comptait pas rester ici à se geler le cul jusqu'au lever du soleil et il était certain que son meilleur ami s'en chargerait, lui, de son cul s'il arrivait en retard à la soirée qu'il avait organisé. Connaissant Jun Hoe, l'alcool et les filles seraient présents.
-« Tu... Tu dois être B.I ? ».
Tournant la tête en direction de la voix, l'interpellé se redressa et glissa ses mains dans les poches de son pantalon. Il détailla ce client de la tête aux pieds avant de lever les yeux au ciel. Génial, un étudiant...
-« C'est comme ça que l'on me surnomme, lâcha-t-il en écrasant sa clope au sol. Tu as l'argent ?
-Ouais... ».
En plus d'être un gosse, il avait l'air complètement coincé. Bon sang, où est-ce que son boss allait chercher ces pigeons ? D'un pas lent, Han Bin contourna son véhicule pour récupérer un petit sachet en plastique, puis il s'approcha de ce jeune inconnu. Il lui tendit les quelques grammes de drogue mais remarqua que la main qui s'en empara tremblait.
-« C'est la première fois que tu consommes ?
-Non mais d'habitude, c'est un ami qui me la procure...
-Alors, pourquoi tu trembles comme ça ? Je te fous la trouille ou quoi ?
-... Ouais, et pas qu'un peu. Les choses qu'on raconte sur ton gang et toi sont assez effrayantes.
-Les rumeurs ne sont pas toujours fondées. Allez, rentre chez toi avant que ta mère ne s'inquiète ».
Cette remarque fit grimacer l'adolescent et il s'en alla en pestant tout bas. B.I l'observa tourner au coin d'une rue et il sentit un léger sourire étirer ses lèvres. D'accord, il faisait des choses illégales mais de là à en donner des cauchemars, c'était tout de même exagéré. Il avait conscience qu'il ne possédait pas une bonne réputation et que les flics lui avait déjà assigné un casier ; toutefois, il n'était pas méchant, juste désireux de mourir en ayant pleinement vécu sa vie. Il remonta derrière le volant, rangea précieusement les billets de banque et envoya rapidement un message à son ami pour le prévenir de son arrivée. Il vérifia son apparence dans le rétroviseur et se mit enfin en route.
La salle de réception, transformé en boîte de nuit pour l'occasion, était déjà bondée de monde quand Han Bin poussa la porte d'entrée. D'immenses sofas longeaient trois des murs de la pièce tandis qu'un bar était placé le long du quatrième et que les gens dansaient au centre. Des serveuses ne cessaient d'apporter à boire à tout ceux qui en réclamaient alors que le DJ montrait qu'il savait faire parfaitement son boulot. Notre garçon déboutonna deux boutons sur le haut de sa chemise pour rehausser son côté mauvais garçon avant de se frayer un chemin au travers de la piste. Il adorait ce genre d'endroit où on pouvait s'amuser sans limites pour oublier ces soucis. Il commanda à boire à l'une des filles qui travaillaient ici et il s'assit à côté de son pote.
-« Kim Han Bin !, s'exclama Jun Ho en passant une bras autour de ses épaules. Ça fait plaisir de te voir ! J'ai cru que tu ne viendrais jamais ! ».
Il dut lui crier à l'oreille pour se faire comprendre et B.I put constater qu'il avait déjà pas mal d'alcool dans le sang.
-« Désolé, j'ai eu un client un peu trouillard ce soir.
-Bah, on s'en fout ! Du moment que tu as le fric ! Maintenant, tu danses, tu bois et tu t'amuses ! ».
Il lui répondit par un sourire diablement sexy et entama sa boisson. C'était vrai qu'il n'était pas venu ici pour se plaindre. Il balaya le lieu d'un regard, s'attardant sur certaines filles qui l'observaient et il se vautra un peu plus dans le canapé. Si seulement elles savaient qu'il préférait les coups d'un soir voir peut être les mecs... Quoi que, à part ses anciennes conquêtes (qui s'étaient mystérieusement volatilisées), personne ne devait être au courant, et si ça venait à se savoir, son patron lui ferait la peau. Un bisexuel parmi les méchants ? Même pas en rêves. B.I se montrait excessivement discret sur sa vie privée afin de se protéger.
-« Tiens ! Goûte-moi ça !, lança Jun Hoe en lui tendant un joint. Avec ça, tu vas planer mon pote ! ».
Tsss... Son meilleur ami avait toujours ce qu'il fallait sur lui pour rigoler un peu. Il porta cette drogue à ses lèvres et inspira un bon coup avant de lui rendre. Immédiatement, une quinte de toux le secoua et il provoqua l'hilarité des gens qui se trouvaient autour de lui.
-« Tu en vends mais tu n'as pas l'air d'en consommer beaucoup, remarqua une fille à sa droite.
-Ce n'est pas comme ça que je la préfère ».
Pour appuyer ses dires, il retroussa sa manche gauche et dévoila de nombreuses traces de piqûres au niveau de son coude. Certaines paraissaient anciennes tandis que d'autres dataient de la semaine.
-« Je préfère l'injecter directement dans mon corps, expliqua-t-il en la laissant toucher.
-... Ca fait mal ?
-Le jeu en vaut la chandelle ».
Tirant une nouvelle fois sur le joint, il remit correctement sa manche et souffla un baiser à la demoiselle avant de se lever pour aller danser. Le sol tangua légèrement sous ses pieds dut au cocktail alcool/drogue qu'il venait de commencer et il sentit une chaleur familière envahir son corps. Il n'allait pas tarder à planer même si, avec l'habitude, il lui arrivait de rester à peu près maître de lui-même. La musique ne lui parvenait déjà plus comme avant et il avait l'impression de se déplacer au ralentit. Quelqu'un le bouscula mais il ne l'entendit pas s'excuser et il se retrouva au centre de la piste de danse sans vraiment s'en rendre compte. Que la fête commence !
Des bruits sourds à sa porte d'entrée... Quelqu'un qui jura... Hum... Qui pouvait bien vouloir le réveiller ? Émergeant difficilement de son sommeil, Han Bin grogna un peu et il s'étira. La lumière du jour le fit froncer les sourcils et il repoussa la couette au pied du lit avant de tourner la tête vers son radio-réveil. 8H30... Il venait de dormir quatre heures d'affilées sans faire de cauchemars. Un exploit pour lui. On retapa à nouveau à sa porte et il s'empressa de se lever, manquant de tomber dans le couloir en trébuchant sur une basket.
-« J'arrive ! J'arrive ! ».
Tournant la clef dans la serrure, il ouvrit la porte mais écarquilla les yeux en découvrant que le hall était vide. Il tendit l'oreille ; cependant, aucun son ne trahit la présence d'une personne. Fichus gosses du quartier ! Il soupira, passa une main sur son visage pour ôter toutes traces de fatigue et rentra chez lui. Ce fut à ce moment-là qu'il aperçut une enveloppe noire sur son paillasson. Il la ramassa et l'ouvrit, sachant pertinemment qui en était l'expéditeur. À l'intérieur, une petite carte indiquait 22h30, ni plus, ni moins. Pas d'adresse, pas de signature. Apparemment, son boss allait avoir besoin de lui cette nuit.
Quand le soleil disparaît à l'horizon, il laisse derrière lui non seulement une obscurité à couper au couteau mais aussi un fort sentiment d'insécurité. C'était comme si tout ce qui paraissait banal la journée devenait malsain dans le noir. Et puis, notre mémoire avait une facilité déconcertante à transformer n'importe quoi en quelque chose d'effrayant. La moindre personne devenait dangereuse, le moindre bruit faisait sursauter et le moindre mouvement furtif était capable de vous donner des sueurs froides. Petit, Han Bin avait une peur bleue de la pénombre : il s'arrangeait toujours pour être chez lui avant que les lampes de rue s'allument et il s'enfermait à clefs pour dormir. Mais ça, c'était avant que la nuit ne vienne lui arracher toute son adolescence. Il rentrait d'une soirée chez des amis avec ses parents lorsqu'un animal, aveuglé par les phares de la voiture, avait traversé devant eux. Sa mère était morte sur le coup et son père avait périt de ses blessures quelques jours plus tard. Malheureusement, le reste de sa famille n'avait pas voulu de lui par la suite et il s'était enfuit avant que les services sociaux ne lui mettent la main dessus. Alors, depuis ses 15 ans, il se comportait comme un homme pour survivre et vivait seul. Il avait apprit à se dépatouiller de n'importe quel problème mais il était dénué de sentiments tels que l'amour ou la compassion. Et pour cause : chaque nuit, il revoyait les mêmes images du drame, apercevait le corps inerte de sa génitrice t entendait les cris de son père. C'était devenu un cauchemar récurrent, qui l'avait énormément fait souffrir pendant de longs mois mais maintenant, il faisait partie intégrante de sa vie. Il avait développé un mental à toutes épreuves et ne laissait plus rien l'attendre. Du moins, c'était ce qu'il espérait... Peu de personnes connaissaient sa vie privée et Han Bin n'en parlait jamais.
Une cigarette entre les lèvres, notre jeune homme traversa tranquillement une bonne partie de la ville à pieds. Il n'avait même pas assez confiance en son patron pour emmener sa voiture là-bas. Pour sortir, il avait opté pour un jean noir moulant et déchiré à de nombreux endroits avec un tee-shirt blanc simple. Une veste en cuir, cloutée sur les épaules, le protégeait de la fraîcheur de la nuit et des baskets complétaient sa tenue. Il avait réussit à dompter ses cheveux en arrière et une chaîne en argent ornait son cou. Il était conscience que Dame Nature avait été généreuse avec lui et il s'en servait de la meilleure façon qui soit dans son boulot.
Tournant au coin d'une rue, il s'approcha d'un vieil entrepôt et toqua cinq coups à la lourde porte : trois coups rapides et deux coups lents pour indiquer son arrivée. Aucune réponse. Bon... B.I n'attendit pas très longtemps avant d'entrer. C'était étrange que la porte ne soit pas verrouillée.
Soudain, il sentit un léger déplacement d'air autour de lui et il n'eut qu'une seconde ou deux pour se jeter en avant. Du coin de l'½il, il aperçut un homme derrière lui et ne le reconnut pas. Ami ou ennemi ? Jouant la méfiance, il balança son pied droit dans sa direction afin de lui faucher les deux jambes et un grognement de douleur lui annonça qu'il venait certainement de lui imprimer la marque de sa semelle dans un de ces genoux en bonus. Il se redressa, poussa son adversaire au sol et le chevaucha. Un petit couteau, qu'il avait tiré du fourreau accroché à son bras gauche, apparut contre le cou de cet inconnu et B.I lui arracha le masque qui recouvrait le bas de son visage. Non, définitivement, il ne le connaissait pas. Ce garçon devait avoir son âge ou être légèrement plus vieux, il faisait sensiblement sa taille et il inspirait la terreur malgré le fait qu'il était plutôt du genre beau dans le style mauvais garçon. Il avait des lèvres pleines, un nez droit et de petits yeux. Le perdant lui sourit puis il leva les mains en l'air pour montrer qu'il n'était pas armé.
-« Je t'avais pourtant bien dit que tu ne faisais pas le poids, lança une voix qui provenait du fond de la pièce. B.I, lâche mon nouveau garde du corps, s'il te plaît.
-Pourquoi avez-vous besoin d'une nouvelle protection ?, demanda le plus jeune en se redressant lentement. Et puis, vous devriez peut être engager de meilleurs hommes.
-Mino a été tué il y a deux jours en me protégeant. Quelqu'un veut ma tête et je recherche activement son identité mais ce n'est pas tout. J'ai embauché plusieurs personnes et celle-ci va assurer ta protection.
-Tu sais de quoi je suis capable boss, je n'ai pas besoin qu'un toutou me suive à la trace.
-Ne discute pas les ordres. Tu es l'un des meilleurs parmi nous et je ne veux pas qu'il t'arrive malheur. Bobby va t'accompagner dans chacun de tes déplacements, il est très compétent.
-Tu te fous de ma gueule GD ! Je ne veux pas d'un inconnu dans mes pattes. Il ne fera que me gêner durant mon business !!
-CA SUFFIT ! ».
Devant la fureur du maître des lieux, Han Bin détourna les yeux et soupira. Il n'allait vraiment pas avoir le choix car, lorsque G-Dragon avait décidé quelque chose, il valait mieux ne pas le contredire. Il reporta son attention sur ce fameux garde du corps et il remarqua que ce dernier l'observait.
-« Quoi ? Tu veux ma photo ?
-B.I, sois gentil avec lui, tu veux ?, le réprimanda son patron. Il est plus vieux que toi.
-Et alors ?... Qu'est-ce que tu me voulais finalement ?
-Juste te le présenter et te dire que ta marchandise pour ce mois-ci était arrivée.
-La deuxième raison aurait amplement suffit ».
Allumant une seconde cigarette, notre jeune homme leva les yeux au ciel avant de quitter les lieux avec Bobby sur les talons. Il entra dans un autre bâtiment, salua d'un mouvement de tête quelques personnes qu'il connaissait puis il s'arrêta devant une porte sécurisée par un code.
-« Tu restes ici et tu m'attends, lança-t-il à son aîné sans se retourner pour le regarder.
-Je dois te suivre partout.
-Ne t'en fais pas, tu pourras venir avec moi jusqu'aux chiottes si ça te chante mais pas dans cette pièce.
-... Je sais déjà ce qu'il y a dedans.
-Raison de plus ».
Sentant la colère s'épanouir à nouveau sous sa peau, notre jeune homme le repoussa en arrière d'un coup d'épaules et il s'engouffra dans la salle sans demander son reste. La cohabitation avec ce type allait être rude... De mauvaise humeur, il ne perdit pas de temps et glissa plusieurs sacs plastiques dans son sac à dos. Il imagina la tête des policiers s'il découvrait toute cette quantité de substance illicite et cela suffit à le faire légèrement sourire. Une fois chargé, il ressortit, fit signe à Bobby de venir avec lui et il s'en alla.
-« Alors, c'est là que tu vis ?
-Ouais... Ce n'est pas très grand mais tu n'as qu'à faire comme chez toi. Tu as des affaires ? ».
Le plus grand lui désigna un sac de sport avant de commencer à visiter l'appartement. Durant tout le trajet du retour, aucun des deux garçons n'avait prononcé un mot, au grand soulagement de B.I. Qu'auraient-ils pu se dire de toute façon ? Il l'observa scruter chaque détail du minuscule salon et il se sentit horriblement las : même son meilleur ami n'avait jamais mit les pieds ici et voilà qu'un étranger se baladait sous son toit. Il ne connaissait ce type ni d'Adam ni d'Eve mais, tant qu'il n'aurait pas à subir un interrogatoire, il devrait parvenir à le supporter. L'abandonnant à ces contemplations, il se rendit dans la cuisine, dans le but de leur préparer quelque chose à se mettre sous la dent. Il espérait sincèrement que ce type n'était pas difficile parce qu'il ne changerait pas ses habitudes pour ces beaux yeux. Enfin beau... Il n'avait pas tellement eu le temps de les regarder.
-« Tu n'as pas l'air d'être un adepte du rangement, lança Bobby en s'appuyant contre le plan de travail à côté du cadet.
-... Je ne suis pas souvent ici. Je passe plus de temps à l'extérieur pour mes affaires.
-Et si je te proposais un marché ? Tu te charges des repas et moi, du ménage.
-Hum... Si ça t'amuse.
-Tu es toujours d'une humeur de chien ? ».
Plaît-il ? Lâchant ce qu'il avait dans les mains, Han Bin soupira un bon coup avant de se tourner vers le type qui devait le protéger.
-« Écoute moi bien Bobby. Que tu sois mon aîné, mon garde du corps ou même un saint, je n'en ai rien à foutre. J'ai un caractère de merde mais je l'assume alors, si ça ne te plaît pas, tu peux toujours dégager. Par contre, si tu veux rester, ne te mêle jamais, j'ai bien dit J-A-M-A-I-S, de mes affaires.
-... C'est toi le patron, avoua-t-il en haussant les épaules.
-Alors, à table ».
Une fois que le repas fut avalé, le jeune dealer laissa son invité s'occuper de la vaisselle tandis qu'il allait farfouiller dans son armoire, à la recherche d'une couverture et d'un oreiller. Il ne possédait qu'un lit pour une personne alors son aîné allait devoir se contenter du canapé quelques temps. Il revînt déposer ses trouvailles dans le salon mais écarquilla les yeux en découvrant un Bobby déjà endormit et simplement vêtu d'un caleçon sur le canapé. Il s'approcha pour le couvrir avant de se figer à la vue de son corps. Le garde du corps avait une carrure svelte mais athlétique ; cependant, l'ensemble était un peu gâché par les nombreuses cicatrices sur son torse et ces flancs. Où avait-il pu récolter de telles marques ? Il avait certainement du avoir une autre vie avant de faire ce job. Baillant à s'en décrocher la mâchoire, Han Bin déposa correctement la couverture sur son corps, lui souleva délicatement la tête pour glisser l'oreiller en-dessous puis il rejoignit sa propre chambre.
Sa mère qui chantait à voix haute en tapant des mains, son père qui bougeait la tête en rythme avec la musique de la radio tout en conduisant et lui, qui boudait à l'arrière du véhicule à cause de ses géniteurs relous... C'était ça, la dernière image de sa famille dont Han Bin se souvenait. Il savait qu'il rêvait et ce qui allait se passer mais malheureusement, tant que son cerveau ne lui aurait pas rejoué toute la scène de cette horrible nuit, il ne parviendrait pas à se réveiller. Il devait tout voir et supporter ce calvaire comme chaque nuit. Lorsque la voiture percuta l'animal puis un arbre, il se souvînt de la douleur qu'il avait ressentit en heurtant le siège devant lui puis le cri de désespoir de son paternel résonna dans ses oreilles. Mais le pire restait à venir. Il allait relever la tête pour revoir le visage hanté de sa défunte mère quand tout vola en éclats.
-« B.I, tu m'entends ? Réveille-toi ! ».
Ouvrant subitement les yeux, l'interpellé aperçut le visage de Bobby à la place de celui de sa génitrice et il le repoussa vivement pour s'asseoir. Ses joues étaient striées de larmes, sa peau collait à cause de la sueur, sa respiration était précipitée et son corps frissonnait. Il soupira tout bas et enfouit son visage entre ses doigts. Oh, il n'allait pas pleurer davantage mais il ne se calmerait pas tant que les derniers souvenirs de l'accident ne disparaîtraient pas de son esprit. Soudain, il sentit un linge humide et frais être posé sur sa nuque et une main vînt caresser ses cheveux.
-« Tu vas bien ?, demanda le plus vieux. Je te prendrais bien dans mes bras mais j'ai eu un peur que ça ne te plaise pas.
-... C'est juste un cauchemar... Merci de m'avoir réveillé.
-je ne sais pas de quoi il s'agissait mais tu n'arrêtais pas de t'agiter et de crier des choses incompréhensibles pendant ton sommeil. Tu veux m'en parler ?
-Non. Non, ça ne te regarde pas ».
Reprenant ses esprits, Han Bin ôta la serviette humide pour la poser au sol et il se rallongea. Toutefois, il remarqua que Bobby ne bougeait pas et cela le fit froncer les sourcils.
-« Tu comptes rester assis là le restant de la nuit ?
-Non. Pousse-toi un peu ».
Le plus grand repoussa légèrement la couverture puis il se coucha au près de l'autre homme comme si de rien n'était. La petite superficie du lit les obligeait à se toucher, peu importe la position dans laquelle ils se mettaient et B.I ne voyait pas ce rapprochement d'un très bon ½il. Il sursauta lorsque son garde du corps l'attire contre son corps et il tenta de se redresser alors que sa tête reposait sur son torse.
-« Qu'est-ce que tu fous ?!
-Calme-toi et essaie de dormir, il est tard. Tu m'en voudras plus tard ».
Joignant le geste à la parole, l'aîné recommença à lui caresser les cheveux pour l'aider à se détendre et son autre main se posa sagement sur une de ces hanches. De son côté, notre dealer ne savait pas trop comment réagir : il aurait du le repousser et lui dire d'aller dormir sur le canapé mais la chaleur de sa peau ainsi que la façon dont il le touchait l'apaisait agréablement. Personne n'avait jamais partager son lit alors il aurait du s'en offusquer ou même avoir peur ; cependant, ce n'était pas déplaisant et il pouvait toujours tenter l'expérience. Calant confortablement sa tête contre l'épaule de son invité, il soupira tout bas et ferma les yeux. Il adopta le même rythme respiratoire que l'autre garçon et il laissa la douce mélodie, engendrée par les battements de son c½ur, l'entraîner vers un sommeil profond...
Le lendemain, Han Bin se réveilla à cause de la chaleur étouffante qui l'entourait mais il n'osa pas faire le moindre petit mouvement. Durant la nuit, il s'était recroquevillé et tourné dos à Bobby mais celui-ci était venu se coller à lui, de façon à ce que son ventre, son bassin et ses hanches puissent le toucher. Il sentait son souffle se répandre dans sa nuque et chacune de ces expirations lui envoyaient de longues décharges dans le corps. Pourquoi réagissait-il de cette façon ? Il n'était tellement plus habitué à ce qu'on le touche que la plus petit marque d'affection lui faisait quelque chose. Doucement, il déplaça le bras du plus vieux qui lui encerclait la taille, le faisant grogner sans le réveiller et il se leva. Il devait rencontrer un nouveau client fortuné en fin de matinée et il ne tenait pas à être en retard. Ce contrat allait être important pour son gang et il savait que son boss avait placé énormément d'espoir sur ses épaules. Il était flatté de cette confiance mais les endroits guindés ne l'intéressaient absolument pas. Il allait devoir s'habiller comme un fils à papa et ça le soûlait déjà. Il partit se doucher rapidement, profitant de quelques minutes de répit avant de revenir dans la chambre, simplement vêtu d'une serviette autour de ses hanches. Il n'avait même pas prit le temps de se sécher les cheveux, de telle sorte que des gouttes d'eau ruisselaient encore le long de sa peau, laissant un sillon humide derrière elles.
-« Tu es super bien foutu ».
Surpris par cette voix qui venait de briser un silence reposant, il sursauta et tourna la tête vers Bobby. Bon sang, il l'avait presque oublié celui-là... B.I se contenta de hausser les épaulés, habitué à ce qu'on le complimente sur son physique, puis il partit sortir un costume sombre de son armoire.
-« Si tu as l'intention de me suivre, dépêche-toi d'aller te préparer. J'ai un rendez-vous dans deux heures et il est inimaginable que je sois en retard.
-Je croyais que vous n'opériez que la nuit, rétorqua l'aîné en se levant.
-Certaines personnes ont assez d'influence et d'argent pour ne pas avoir à se cacher... Thé ou café ?
-Café, s'il te plaît ».
Une fois leur petit-déjeuner avalé, notre jeune homme et son garde du corps prirent la direction d'un quartier branché de Séoul. Ici, les habitants s'évertuaient à montrer leur fortune par le biais de leur maison, de leurs vêtements et de leurs manières alors Han Bin ne s'y sentit pas du tout à l'aise. Ces gens n'étaient pas faciles à approcher : ils s'énervaient sans réelles raisons, avaient l'habitude d'obtenir tout ce qu'ils désiraient et savaient manipuler leur entourage. Le garçon allait devoir se montrer très prudent et surtout plus mesquin et plus intelligent qu'eux. Sur le chemin, il avait demandé à Bobby de rester discret, de ne pas sortir un seul mot et de n'intervenir qu'en cas de grand danger. L'aîné avait affirmé qu'il ferait correctement son boulot et il laissa donc son ami entrer dans un bar de riche. Contrairement aux festivités du soir, B.I fut étonné par l'incroyable changement d'ambiance : d'ordinaire, ces lieux étaient bruyants et bondés de monde mais ce matin, seuls les employés étaient présents pour nettoyer la pièce.
-« Vous cherchez quelqu'un ?, demanda une serveuse qui avait remarqué les deux nouveaux venus.
-Votre patronne m'a donné rendez-vous ici.
-Oh ! Euh... Oui, je suis au courant. Suivez-moi ».
S'inclinant poliment, la jeune femme leur fit signe de bien vouloir la suivre et elle disparut derrière un long rideau noir. Le dealer jeta un rapide coup d'½il à son compagnon avant d'emboîter le pas à la serveuse. Ils débouchèrent sur un grand couloir parsemé de photos de célébrités. Un garde du corps était placé devant chaque porte mais celle qui les intéressait se situait tout au fond. Les petits poils situés sur la nuque de B.I se dressèrent et il porta instinctivement une main à sa ceinture, là où se situait son flingue. L'atmosphère qui régnait autour de lui ne lui plaisait absolument pas et la nervosité commençait à le gagner. Dans quoi son patron l'avait-il envoyé ? Il prit une profonde inspiration pour s'évertuer à trouver son calme et il entra dans la pièce indiquée par l'employée. Han Bin n'eut pas besoin de vérifier pour savoir que son nouveau colocataire le suivait comme son ombre mais il fut immédiatement attiré par sa cliente. Vêtue d'une tenue haute couture, une femme d'une quarantaine d'années se tenait élégamment assise sur un canapé blanc. Elle portait un maquillage un peu trop sophistiqué et ses bras étaient garnis de bijoux hors de prix.
-« Vous devez être les hommes de G-Dragon, lança-t-elle d'une voix calme mais aguicheuse.
-On m'a dit que vous aviez besoin de nous pour vous procurer de grosses quantités de marchandises.
-Très direct, j'apprécie cette qualité chez un homme. Et puis, le corps va bien avec l'esprit... Venez donc vous asseoir, afin que nous puissions discuter de ce que j'attends ou non de vous ».
Cette inconnue ne lui plaisait définitivement pas : elle était trop hautaine et trop sûre d'elle. Il observa son regard quelques secondes tout en calculant les options qui s'offraient à eux. Si les choses venaient à dégénérer, ils auraient du mal à sortir d'ici car, même s'ils savaient se battre, les types dans le couloir allaient poser problème. Bon, restait plus que la diplomatie.
-« Surveille la porte, ordonna-t-il à Bobby. Que personne ne vienne nous déranger ».
Le dealer, palpant véritablement l'air surchargé de tension qui crépitait dans cette pièce, fit abstraction du gloussement moqueur de la femme mature et il vînt s'asseoir face à elle, dans un fauteuil noir. Il croisa les jambes en un geste désinvolte et appuya son dos contre le dossier du mobilier.
-« Mes hommes faisaient de l'excellent boulot pour me ramener de quoi satisfaire bon nombre de clients, expliqua la patronne. Mais depuis quelques mois, la police me surveille d'un peu trop près, ce qui m'oblige à me montrer prudente et à passer par d'autres personnes. Les temps deviennent vraiment compliqués...
-Qu'attendez-vous de nous précisément ?
-Je fais venir de gros conteneurs du Japon une fois par mois. Vous servirez d'intermédiaire entre le port et mon établissement, simplement.
-Simple ? C'est un doux euphémisme, répliqua-t-il en se redressant. Cet endroit grouille de gardiens armés et de caméras de surveillance.
-Votre prix sera le mien.
-Je crois que vous ne comprenez pas. Ce n'est pas notre avenir que nous mettons en jeu mais nos vies en allant là-bas. Ces types nous tireront dessus sans se poser de questions et ce n'est pas votre argent qui nous ramènera de la mort.
-Donc, vous refusez ?
-J'ai entendu votre requête mais je dois en parler avec mon boss. Votre aurez notre réponse définitive dans quelques jours.
-je n'aime vraiment pas que l'on me désobéisse ».
Soudain, Han Bin entendit un léger déclic derrière lui et il eut deux secondes pour prendre la décision de s'allonger sur la moquette à plat ventre avant qu'une balle de plomb vienne se loger dans le fauteuil où il était assis. Plusieurs détonations suivirent la première, rendant notre garçon temporairement sourd et il rampa le plus vite possible à l'abri. Du coin des yeux, il vit son garde du corps se tenir à genoux derrière une table renversée et entrain d'arroser le lieu avec ses munitions tandis qu'un type entraînait la femme d'âge mure par une porte de sortie afin de la mettre en sécurité. Toutefois, B.I découvrit une flaque de sang frais au sol et il mit un peu de temps à comprendre qu'il provenait de l'épaule gauche de Bobby. Merde, il était blessé ! Lorsque son chargeur cliqueta dans le vide et qu'ils étaient seuls tous les deux dans le bureau, l'aîné lâcha son pistolet et il s'assit en pressant sur sa blessure.
-« Enlève ta veste et ton tee-shirt, il faut que j'observe cette plaie !, s'exclama le plus petit en accourant vers lui.
-Tirons-nous d'abord d'ici... On ne sait pas ce qu'elle a derrière la tête... ».
Le dealer acquiesça et il passa un bras autour de sa taille pour l'aider à se relever. Son pouls s'accéléra quand il remarqua que son ami avait la peau gelée et qu'il tremblait. Il devait le soigner au plus vite. Heureusement, ils traversèrent un établissement vide, comme si tout le monde avait fuit pendant la fusillade et ils n'eurent aucun mal à rentrer à leur appartement. Sans perdre de temps, Han Bin l'emmena dans la salle de bain et il l'aida à se déshabiller. Le sang continuait à s'écouler de la blessure et celui qui avait commencé à sécher collait le vêtement à la peau. Il dut prendre mile précautions pour ne pas le faire souffrir davantage mais le bruit produit par le tissu et les bouts de peau arrachés lui donna la nausée.
-« Je vais nettoyer, désinfecter et bander ton épaule. Puis, tu prendras un bon bain chaud, ok ? ».
Son hyung secoua doucement la tête de haut en bas avant de fermer les yeux.
-« Tu as intérêt à rester avec moi ».
Retournant tous les tiroirs de son armoire à pharmacie, notre jeune homme s'empressa de récupérer tout ce dont il avait besoin et il se mit au travail. Ses yeux ne cessaient de faire la navette entre le visage du plus grand et l'importante plaie alors que malgré son angoisse, ses gestes restaient précis.
-« Comment peux-tu faire un boulot aussi dangereux au quotidien ?, marmonna la pauvre victime.
-Quand on est abandonné très jeune et qu'on a juste de quoi se loger, on oublie les études et on accepte n'importe quoi. Je déteste la vie que je mène mais sans G-Dragon, j'aurais crevé depuis bien longtemps.
-... Des fois, je me demande si la mort ne serait pas une meilleure solution... ».
Surpris par de telles pensées, le cadet dévisagea l'autre garçon avant de lui donner une petite tape sur le front.
-« Je crois que la perte de sang te fait dire des conneries.
-Je suis sérieux B.I. Je ne sais pas comment tu as pu te retrouver dans cette situation mais ma vie n'est pas meilleure que la tienne. Souvent, je me dis que je devrais y mettre un terme parce que de toute façon, je ne manquerais à personne et personne ne viendra récupérer mon corps... Qu'est-ce qui te retiens ici ?
-L'alcool, le sexe et la drogue.
-T'es taré mec !, s'exclama Bobby en souriant. Peut être même plus que moi ! ».
Lorsqu'il eut installé son colocataire dans la baignoire, Han Bin regagna sa chambre afin d'envoyer par texto, un rapport sur sa rencontre de la matinée à son boss. Il lui détailla les attentes de sa cliente, ne manqua pas d'y ajouter son avis défavorable et lui rapporta également la blessure du garde du corps. Malheureusement, même s'il ne souhaitait pas aider cette femme, il savait que si GD acceptait le contrat, il n'aurait pas le choix. Il serait obligé de la revoir et d'assurer le transport de la marchandise. Par contre, hors de question d'amener Bobby avec lui ; le sale boulot, il le ferait seul, quitte à attacher son aîné ici. Ce dernier avait déjà été blessé par sa faute, il ne voulait pas l'exposer davantage au danger. Soupirant tout bas, il se rendit dans la cuisine et se mit à la confection d'un bon repas.
-« Je vais te laisser mon lit pour cette nuit et demain, j'informerai G-Dragon que, s'il accepte de travailler avec cette folle, toi, tu n'y participeras pas ».
Et hop ! Une assiette sale cassée dans l'évier ! Pestant contre sa bêtise, Bobby saisit un torchon de vaisselle pour s'essuyer les mains puis, il se tourna vers le plus petit afin de lui jeter un regard remplit de colère. Ce dernier était toujours assis à la petite table de cuisine, entrain de siroter un café mais il n'osait plus regarder son aîné dans les yeux.
-« Tu te fous de ma gueule, n'est-ce pas ?! Mon boulot est de te protéger ! Comment veux-tu que je le fasse si tu m'enfermes dans ce taudis ?! ».
Que vouliez-vous répondre à ça ? Le plus jeune avait imaginé que Bobby réagissait de cette manière mais il n'avait pas vraiment de bonnes excuses à lui fournir parce qu'il ne pouvait tout simplement pas lui avouer qu'il avait peur pour lui. Oui, il était tétanisé à l'idée de le voir souffrir à nouveau mais il ne savait même pas pourquoi. Lui, amoureux ? Et d'un homme en plus ? Certainement pas. La seule raison possible à ses naissants sentiments étaient le fait qu'il n'avait pas eu de relation depuis quelques mois donc il devait être en manque.
-« Je viendrai avec toi, grogna l'aîné en reprenant son activité.
-Non ».
Brusquement, B.I se retrouva à moitié allongé sur la table, sa tasse de café allant se briser au sol et les deux poings de l'autre garçon refermés sur le col de sa chemise. Quelle rapidité... Il s'était déplacé tellement vite que notre leader ne l'avait pas aperçut faire le moindre mouvement. Celui-ci l'observait avec les yeux écarquillés et il était plié de telle façon que son dos commençait à lui faire mal. Serrant les dents, il tenta de se débattre mais le garde du corps raffermit sa prise et une de ces mains vînt même s'enrouler autour de sa nuque. Rapidement, le cadet commença à manquer d'air, ses poumons le brûlant à chaque fois qu'il n'arrivait pas à trouver d'air. Que se passait-il ?! Son sang tapait au niveau de ses tempes, sa vision se brouillait mais il essayait toujours de se dégager.
-« Si tu ne me laisses pas faire mon boulot, je te tuerais de mes propres mains, cracha finalement Bobby en le lâchant ».
Tombant à genoux, Han Bin se concentra sur sa respiration et il toussa à plusieurs reprises. Il frissonna en entendant la porte d'entrée claquer mais il ne se tourna pas dans sa direction et fila directement dans sa chambre. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentit effrayé et incroyablement vulnérable. Merde ! Qu'est-ce qu'il lui avait prit à ce psychopathe ?! Il s'enferma à clefs, glissa son pistolet sous son oreiller et se roula en boule sous ses draps. Son angoisse continuait de s'accrocher à lui alors qu'il essayait considérablement de se détendre. Il ne comprenait pas pourquoi son hyung avait réagit de cette façon, ni pourquoi il l'avait menacé mais une chose était sûre : il était dangereux. Finalement, il demanderait plutôt à son patron d'engager quelqu'un d'autre et il le choisirait lui-même. Notre garçon avait assez de mal de rester en vie avec son travail, il n'allait tout de même pas rester en alerte à la maison. La colère l'aida à repousser sa peur et il soupira tout bas. Dire qu'il avait dormi avec ce type...
Au petit matin, Kim Han Bin sortit péniblement de son lit. Il avait entendu son colocataire rentrer vers minuit et, à partir de ce moment-là, il avait passé le restant de la nuit à écouter tous ces mouvements, une main sous son oreiller. Il opta pour une tenue décontractée mais attacha tout de même un étui contenant un petit couteau à sa cheville droite et il glissa une arme dans la ceinture de son pantalon. Mieux valait être prudent. Son plan était simple : il allait sortir le plus rapidement de l'appartement et filer voir son boss pour lui raconter sa mésaventure de la veille. Il traversa donc le petit logement sur la pointe des pieds et souffla un bon coup quand il vit que le plus vieux dormait profondément sur le canapé. Hallelujah...
-« Qu'est-ce que tu racontes ?!, s'exclama Ji Yong en levant les yeux de ses papiers.
-Il a complètement pété les plombs hier soir lorsque je lui ai dit que je ne voulais pas qu'il m'accompagne au port. Il m'a à moitié étranglé et menacé !
-... Pourtant, on ne m'avait dit que du bien sur Bobby.
-Et bien, ces personnes t'ont dupé ! Trouve-moi quelqu'un d'autre !
-Dans l'immédiat, ça va vraiment être compliqué... Rends-toi utile et va fouiner un peu autour de ce port, ça t'évitera de le croiser quelques heures.
-Putain GD... Tu fais chier ».
S'allumant une cigarette, B.I la porta à ses lèvres, enfouit ses mains dans les poches de son pantalon et il sortit en marmonnant une multitude d'insultes à l'égard de son patron. Il ne comprenait pas pourquoi ce dernier ne voulait pas le croire concernant le garde du corps et il commençait à se douter de son confiance. Pourquoi voudrait-il sa perte? Le jeune homme avait toujours été fidèle et efficace dans son travail et jamais il ne pourrait trahir les siens. Ces transactions illégales lui avaient permit de se débrouiller après la mort de ses parents et il était conscient que, de toute façon, personne d'autre ne voudrait de lui. Sans formations reconnues et sans diplômes, il ne pourrait jamais s'intégrer convenablement à la société et il restera toute sa vie une mauvaise ombre au tableau.
Expirant un nouveau nuage de fumée, il déambula dans les rues en direction du port et tenta de chasser ses idées noires. A cette heure-ci, l'endroit était plein de monde. Il y avait de nombreux touristes qui débarquaient de gros bateaux luxueux, des pécheurs qui vérifiaient que leurs filets n'étaient pas endommagés, des personnes âgées qui venaient chercher des produits frais tandis qu'un petit groupe d'ouvriers déchargeaient des caisses métalliques. Baigné par tous ces gens, Han Bin n'aurait aucun mal à passer inaperçu. Il se promena le long des berges et sortit son téléphone portable pour se faire passer pour un voyageur entrain de prendre des clichés. En vérité, ces photos allaient lui permettre de construire un plan détaillé des lieux : caméras de surveillance, loge des gardiens, types des bateaux, marques des conteneurs,... Tout y passait. Il nota également dans sa tête à quelles heures les agents de sécurité effectuaient leur ronde et à quelles heures ils étaient remplacés par d'autres hommes. Le timing allait être serré. Satisfait de ses repérages, il alla s'acheter un sandwich dans un des petits bungalows saisonniers puis vînt s'asseoir sur un banc, en face de l'océan. L'eau était calme aujourd'hui, chaque petite vague qui frappait les rochers produisait un son très apaisant. Tout en dégustant son repas de midi, notre dealer se laissa toucher par ce sentiment de quiétude afin de profiter au mieux de ce sentiment de tranquillité. Il se sentait un peu plus enclin à réfléchir aux problèmes que posaient son colocataire. Finalement, ce qui était arrivé était entièrement de sa faute : il avait amené cet inconnu chez lui, sans savoir qui il était. Il s'était montré terriblement imprudent et il avait inconsciemment mit sa vie en danger. Quel crétin... Maintenant, il fallait qu'il retourne le voir afin qu'ils puissent s'expliquer une bonne fois pour toute. Il termina son bout de pain, jeta un dernier coup d'½il à l'immensité de l'océan et il rebroussa chemin, non sans avoir la boule au ventre.
Il poussa lentement la porte d'entrée de son appartement mais fronça les sourcils en découvrant que l'habitacle était plongé dans le noir. Où était-il ? Cependant, ses craintes disparurent quand il entendit le bruit de sèche-cheveux et il s'approcha de la salle de bain.Bobby se tenait debout devant le grand miroir et torse nu. Il essayait de maîtriser sa tignasse sombre mais serrait les dents à chaque fois qu'il bougeait son bras gauche et le cadet s'aperçut que le bandage qu'il lui avait confectionné la veille était imbibé de sang. Inquiet, il s'avança pour l'effleurer du bout des doigts mais il bondit en arrière en entendant l'appareil électrique cesser de fonctionner. Sans faire le moindre mouvement brusque, le plus grand posa le sèche-cheveux et il se tourna vers son hôte.
-« Tu as été voir G-Dragon ? Écoute... Je suis vraiment désolé pour hier, je ne voulais pas te faire de mal.
-... Tu devrais changer ton pansement.
-Han Bin, s'il te plaît...
-Je t'interdis de prononcer mon nom alors que je ne connais même pas le tien !, s'exclama notre jeune homme.
-D'accord, d'accord. Allons au salon discuter, ok ?
-Hum... ».
B.I quitta la pièce en premier sans le lâcher des yeux pour qu'il finisse de s'habiller et il se traîna jusqu'au canapé où il s'assit. Cette conversation allait être capitale pour la suite de leur cohabitation mais il ne se sentait pas d'attaque à l'affronter. Ce qui pourrait être révélé lui faisait peur et il devrait choisir minutieusement chaque mot qu'il prononcerait.
-« Tu sais, je pensais être capable de me contrôler... Ca faisait des mois que je n'étais pas devenu aussi violent, avoua le plus vieux en s'asseyant près du dealer.
-Te contrôler ? Pourquoi as-tu besoin de te contrôler ? Je ne comprends pas...
-Tout d'abord, je m'appelle Kim Ji Won et j'ai 25 ans. Je suis orphelin et j'ai vécu dans un orphelinat jusqu'à mes 18 ans... Il y a quatre ans, je suis tombé éperdument amoureux de l'homme qui m'avait engagé et que je devais protéger. Notre relation fut la plus belle chose qui me soit arrivée... Malheureusement, lui aussi était dans les affaires louches et un jour, alors qu'il m'avait interdit de l'accompagner, il s'est fait tué.
-...
-Depuis ce jour, je me suis juré de ne pas faire deux fois la même erreur.
-Voilà donc pourquoi tu as réagit comme cela ».
Han Bin avait quelques difficultés à avaler toutes ces informations mais il commençait à comprendre la situation.
-« J'ai été stupide de te menacer et je m'en veux de t'avoir fait peur B.I. Mais... Je ne supporterais pas de perdre une seconde fois la personne qui me plaît..., marmonna Bobby en détournant le regard.
-Hein ?! Je te plais ? Mais nous sommes des hommes...
-Dis-moi que tu n'as rien ressentit quand nous avons dormit ensemble. Dis-moi que rien ne t'a parut étrange lorsque tu m'as soigné hier et je me ferais une raison.
-Je... Je sais pas hyung.
-Très bien... C'est pas grave, dit l'aîné en lui caressant les cheveux ».
Pourtant, B.I avait bien vu que son sourire s'était flétrit sur les bords au moment où il lui avait fait part de son indécision. Il ne voulait pas le rendre triste mais il n'était jamais sortit avec un homme et, mis à part Jun Hoe, il n'avait pas vraiment d'amis donc il ne savait pas trop comment s'y prendre.
-« Dis..., marmonna-t-il. Tu peux dormir avec moi cette nuit ?
-Quel gosse, je vous jure. Tu veux que je te chante une berceuse aussi ?
-Yah ! T'es con... C'est juste que j'ai super bien dormit cette nuit-là.
-Ok, je me contenterais du rôle de nounours, mais il y a une condition. Laisse-moi t'accompagner au port ».
Qu'est-ce qu'il pouvait être têtu... Faisant la moue, notre jeune homme soupira puis accepta son chantage. Même si sa présence allait lui causer un stress supplémentaire, il était tout de même plus confiant avec cet homme à ses côtés. Ji Won lui avait déjà prouvé qu'il savait se battre et le dealer se doutait qu'il n'hésiterait pas à tirer dans le tas. Au moins, si la situation venait à dégénérer, ses chances de survie seraient quelques peu plus importantes.
-« Je viens d'aller faire un petit tour là-bas. Les photos sont dans mon portable, tu n'as qu'à y jeter un coup d'½il.
-Tu y as été seul ?!
-Ordre du boss, répondit-il en haussant les épaules ».
Han Bin observa son colocataire quelques minutes entrain de scruter les images qu'il avait réalisé avant d'aller chercher de petits objets dans sa chambres. Il revînt s'asseoir dans le salon avec une petite fiole et une seringue à usage unique, puis il prépara sa dose habituelle. Il n'avait rien consommé depuis la fête de son meilleur ami alors il commençait sérieusement à être en manque.
-« Tu es vraiment obligé de faire ça devant moi ?, demanda le plus grand en fronçant les sourcils.
-Pourquoi ? Ne me dis pas que ça te fout la trouille. Ça serait la meilleure ça.
-Ce n'est pas parce que tu en vends que tu dois en prendre aussi.
-Ca s'appelle de la dépendance, lança le cadet en se l'injectant tranquillement. Arrête de me prendre la tête et regarde ces putains de photos ! ».
Sentant la drogue se répandre dans toutes les veines de son corps, B.I appuya l'arrière de sa tête sur le dossier du canapé et ferma les yeux en soupirant d'aise. Son esprit se mit peu à peu à divaguer et il ricana. Cette substance illicite le rendait toujours joyeux et incroyablement moins timide. Il avait l'impression qu'il pouvait faire tout ce qu'il voulait, qu'aucune règle ne s'appliquait pour lui et que, de toute façon, tout ce qu'il aurait réalisé sous influence serait oublié quand il redeviendrait sobre. D'humeur joueur, il s'étira comme un chat et reporta son attention sur son hyung. Il lui plaisait, non ? Donc, il pouvait s'amuser un peu. Adaptant une expression diablement sexy, il se rapprocha de son ami et vînt poser une main sur le haut de la cuisse gauche du plus âgé. Ce dernier ne réagit pas alors il vînt tracer un long sillon humide dans son cou du bout de la langue.
-« Han Bin, qu'est-ce que tu fous ? ».
L'interpellé ne répondit pas et il se mit à mordiller le lobe de son oreille tandis que sa main remontait dangereusement vers son entrejambe. Soudain, il se retrouva à califourchon sur les cuisses de Bobby avec le visage de celui-ci à quelques centimètres du sien.
-« Ce n'est pas bien de jouer avec les sentiments des gens.
-Allez..., murmura le plus jeune en ôtant son propre haut. Tu en meurs d'envie.
-Si je fais ça, tu m'en voudras énormément demain et je ne pourrais plus jamais me regarder dans une glace.
-Tu n'es vraiment pas marrant hyung.
-Va plutôt te laver et te coucher.
-Tu as dit que tu dormirais avec moi, souffla-t-il en gonflant les joues.
-... Je finis de regarder ces clichés et je te rejoins après ».
Se mettant à bouder, notre jeune garçon le repoussa au fond du canapé, récupéra son vêtement et se dirigea vers la salle de bain en balançant exagérément ses hanches. Au moins, le garde du corps aurait un avant goût de ce qu'il allait manquer. Une fois seul dans la salle d'eau, il rougit et prit pleinement conscience de la façon dont il venait de se comporter. Oh et puis, ce n'était pas si grave : Ji Won n'avait qu'à mettre cela sur le compte de la drogue. Il se passa de l'eau sur le visage, se brossa les dents et enfila son pyjama afin de pouvoir se glisser dans son lit. Demain, G-Dragon lui donnerait sûrement sa réponse concernant cette nouvelle cliente et il ne lui resterait plus qu'à aller chercher la première livraison. Se pointer là-bas à l'heure, réceptionner la fameuse marchandise et la ramener en toute sécurité au club ; ça paraissait facile, non ? Mais, c'était sans compte sur les agents de sécurité et leur puissance de feu... L'esprit tourmenté, le garçon tenta de trouver une position confortable afin de se reposer quelques heures mais il ne cessait de chercher une solution pour être certain de survivre à la journée de demain. De plus, il n'avait pas tellement envie de faire des cauchemars à nouveau. Que fichait Bobby ? Grinçant des dents, B.I enfonçait sa tête dans un des oreilles quand un corps qu'il commençait à connaître vînt se coller au sien. Comme par magie, à l'instant où ces bras lui encerclèrent la taille, il se sentit beaucoup plus serein et il releva son visage pour plonger ses yeux dans le regard profond de Ji Won. Son hyung lui adressa un petit sourire avant de déposer un baiser sur son front. Blottit contre lui, B.I avait l'impression d'être un tout jeune enfant dans les bras de son grand-frère et cette pensée lui serra le c½ur. Ce n'était pas ce que désirait le garde du corps mais malheureusement, même s'il aurait aimé que leur relation devienne plus intime, il était effrayé à l'idée d'être encore abandonné. Il ne voulait plus souffrir comme par le passé. Observant son colocataire partir dans les bras de Morphée, il lui chuchota des dizaines de mots d'excuses...
17H50... Le bateau ne devrait plus tarder à accoster. Planqués derrière une lourde palissade en métal, les deux acolytes ne perdaient pas une miette de ce qu'il se passait sur le port. GD avait accepté de signer le contrat tôt dans la journée, et comme c'était convenu, il avait placé ces deux hommes sur le coup. Han Bin avait alors passé deux heures à préparer leurs affaires, à vérifier le bon fonctionnement de leurs pistolets et à expliquer à son aîné ce qu'il attendait de lui. Ils ne devaient pas paraître terrifiants donc ils avaient opté pour un style vestimentaire décontracté mais sombre et ils avaient rencontré les ouvriers qui étaient de mèche avec eux. Ces derniers les avaient mis au courant de leur façon de faire : la drogue était planquée sous des vêtements, ils laisseraient les autorités ouvrirent chaque boîte, transporteraient la marchandise dans un petit camion puis leur feraient signe d'intervenir. En fin de compte, ça ne paraissait pas si compliqué mais le dealer avait un mauvais pressentiment. Quelque chose allait merdé et il ne savait absolument pas quoi.
-« La cargaison vient d'arriver, annonça le plus vieux ».
L'entente de sa voix grave fit tressaillir son cadet et celui-ci se tourna dans sa direction. Il ne lui avait fait part de ses soupçons et il ne savait toujours pas s'il devait le faire. Hum... Moins Bobby en saurait, mieux il se porterait. Saisissant sa paire de jumelles, il regarda à son tour ce qu'il se passait un peu plus loin et sa gorge se noua lorsqu'il aperçut les types décharger de grosses caisses en bois.
-« Les flics ont donné leur feu vert, constat Ji Won.
-Oui... Approchons-nous du camion tranquillement ».
S'il avait eu le choix, notre jeune homme aurait prit ses jambes à son cou afin de disparaître mais maintenant, il ne pouvait plus faire marche arrière. Son sang se glaça dans ses veines et il remarqua que c'était la première fois qu'il flippait ainsi. Oui, il allait définitivement se passer quelque chose de mauvais...
-« Attends !, lança-t-il en attrapant un poignet de son ami.
-Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
-Je... Enfin, je... Oh, et puis merde ».
L'attirant à lui, B.I plaqua ses lèvres contre les siennes et il ferma les yeux. D'abord surpris, Ji Won finit par y répondre et il vînt mordiller ces deux morceaux de chair pour lui demander l'accès à sa bouche. Les deux hommes s'embrassèrent langoureusement, meurs mains agrippant le corps de l'autre mais ils durent se séparer par manque d'air.
-« Pourquoi maintenant ?, demanda l'aîné.
-... J'en avais envie mais ça te donne surtout une raison supplémentaire de ne pas te faire tuer ».
Ramassant son sac à dos, Han Bin lui sourit sincèrement avant de s'approcher du port. Il croisa les regards affirmatifs des employés et il contourna le lourd véhicule avant de se hisser dans la cabine, sur le siège conducteur. Il attendit que son colocataire monte à ses côtés et mit le moteur en route. Depuis son rétroviseur, il guettait le moindre mouvement à l'arrière du camion, à la recherche d'un quelconque problème mais tout semblait beaucoup trop calme.
-« Vous pouvez y aller, leur dit un des hommes en tapant contre sa portière. Tout a été chargé ».
Kim Han Bin acquiesça d'un signe de tête, glissa ses lunettes de soleil sur son nez puis enclencha une première vitesse. Il prit une profonde inspiration et appuya lentement sur l'accélérateur. Sur le siège passager, Ji Won gardait les mâchoires serrées et le regard droit devant lui.
Il prit la route qu'il avait mémorisé par c½ur avant de venir et il croisa les doigts. Si ça tournait mal, il n'entraînerait pas Bobby dans la tombe avec lui. Les cinq premières minutes se passèrent sans accroches mais aucun des deux garçons n'arrivaient à se détendre.
-« C'est pas vrai... Qu'est-ce qu'ils foutent là eux ?, cracha l'aîné ».
Des flics. Enfin, des agents de sécurité les attendaient vers la grille qui délimitait les contours du port. Ils n'auraient jamais du se trouver ici, à cette heure-là.
-« Ne dis surtout rien. Les autres n'ont rien trouvé, je ne vois pas pourquoi ceux-là seraient plus intelligents... ».
Notre conducteur s'arrêta à leur hauteur et il baissa la vitre.
-« Vous allez où comme ça ?, demanda un grand type baraqué.
-Livrer des vêtements dans différents magasins
-Descendez du véhicule tous les deux et ouvrez les portes, on va vérifier cela ».
Dociles, nos deux acolytes échangèrent un regard avant de quitter leur siège.
Brusquement et sans rien comprendre, ils se retrouvèrent plaqués, face la première, contre un des flancs du poids lourd. Les inconnus les forcèrent à écarter les jambes et à poser leurs mains sur l'arrière de leur tête. La panique s'empara de notre dealer et il comprit qu'ils étaient fichus.
-« Désolé les gars mais quelqu'un vous a tendu un piège, et vous n'y avez vu que du feu ».
Un piège ?! Qui les avait vendu ?! G-Dragon ? Impossible. Alors, ça ne pouvait être que cette garce. Sentant un des agents le palper pour le délester de toutes ses armes, B.I commença à réfléchir à toute vitesse : il devait rapidement trouver une solution pour les sortir de là. Il aperçut du coin de l'½il un harnais qui traînait dans le camion et un plan apparut dans son esprit.
C'était maintenant ou jamais...
Il se laissa tomber à genoux, ramassa l'objet métallique et hurla à son ami de s'enfuir alors qu'il l'abattait dans le visage d'une des brutes. Cette diversion désarçonna le groupe et les deux garçons en profitèrent pour se mettre à courir.
Malheureusement, le cadet savait qu'ils n'étaient pas sortis d'affaires.
Alors qu'il jetait un regard pardessus son épaule, il vit un homme sortir un gros pistolet. Sa cible était Ji Won et avec un calibre pareil, il ne le raterait pas. Oh non, il ne serait pas blessé une seconde fois...
La détonation résonna à ses oreilles et il bondit sur le plus grand, les faisant rouler au sol.
-« Han Bin... Oh mon dieu ! Han Bin !! ».
La voix de Bobby semblait parvenir de bien loin alors que notre jeune homme restait allongé sur le dos. La balle lui avait traversé le corps de part et d'autre, créant un trou de la taille de son poing en plein milieu de sa poitrine. Étrangement, il n'avait pas mal. Il se sentait las, envoûté par une drogue beaucoup plus effrayante que celle qu'il consommait d'ordinaire. Il n'arrivait plus à bouger, il sentait son sang se répandre autour de lui et ses forces le quitter mais pourtant, il souriait.
-« Tiens bon, je t'en supplie. Ne me laisse pas, pas comme ça, pas maintenant ».
Il imprima dans sa mémoire le magnifique visage de son aîné et il ferma les yeux en le sentant lui caresser les cheveux.
Son ami allait vivre et c'était tout ce qui lui importait.
Difficilement, il prit une dernière inspiration puis se laissa sombrer, bercé par les incessants « Je t'aime » que lui murmuraient Ji Won contre ses lèvres.
Dans la vie, Kim Han Bin a eu le choix entre l'amour, la drogue et la mort. Il a choisit les deux premiers mais c'est la troisième qui est venu le trouver...